Second Chapitre : Premiers travaux.

Comme Komamura était à la lisière de la forêt avant la horde, suite à son "duel" avec Truk, il fendit en 2 tout gremlin qui passait à sa portée. Certains désorientés fuyaient sans réfléchir, d'autres se repliaient et serraient dans leurs griffes des poignées de pièces d'or.

"D'où çà vient çà ?"

Une douleur attira son attention. En baissant les yeux, il vit un gremlin qui avait réussi à le contourner et qui furtivement lui avait mordu la cheville.

"Ohoho !! Tu jouais les fuyards pour mieux me piéger ? .... mais mon petit ami, sais-tu la différence primordiale qu'il y a entre les dents d'une bestiole dans ton genre, et celles d'un drake ? ... La longueur ! (de sa main libre, il sortit ses griffes) Tout est une question de longueur !!"

Il abattit sa paluche sur le cou de son assaillant et serra comme un étau jusqu'à ce qu'un grand crac accompagné du relâchement des mâchoires du gremlin lui annonce qu'il en avait fini avec lui. Il jeta sa victime au loin comme une poupée de chiffon et regarda sa cheville. Les dents n'avaient que légèrement pénétrées dans les muscles, une blessure superficielle. Les mâchoires du drake lui avaient infligé une douleur autrement plus incapacitante, il s'en souvenait encore.

Se reconcentrant, il reprit son abattage systématique des fuyards de passage.

Bardok était fin furieux. L'druide avait balancer l'or aux bestioles. Bon, l'aspect stratégique était indéniable, déjà qu'ils avaient pas l'air très malin, v'là qu'ils se retrouvaient tout embrouillés dans leur petite tête ... mais quand même, y'en a qui s'barraient avec.

Un gremlin moins attiré par les choses qui brillent se jeta sur Bardok mais fut accueilli par le tranchant de sa hache. D'un coup franc et massif, Bardok le fendit en 2.

"T'a m'touchera pô sale mocheté ! Dans tes rêves ! Mais rev'nez don' bande de voleurs !! V'nez mourir plutôt que d'fuir, bande de couards ! Dedjou !!"

Il posa sa hache et sortit de sa poche une de ses petites inventions. On aurait dit un bilboquet mais la boule était remplacée par plusieurs disques de métal empilés. Il visa plusieurs gremlins qui étaient presque arrivés à la lisière et tira sur une petite ficelle à la base du manche, l'effet de rotation de la ficelle enroulée autour de l'axe lança les disque à toute vitesse droit sur les cibles. Tournoyant dans les airs, les disques d'acier aiguisés comme une lame se plantèrent dans leur victime. Bardok exultait comme un enfant.

"Yeaaaaah !!! 6 d'un coup !!

Bardok ! Ton invention, y'avait pas 7 disques ?

Ah si ! J'ai dû en paumer un en route !

Ouais ! je confirme !"

Bardok étonné se tourna vers Dahîn. Trônant au sommet de la pointe de la pioche du borgne, le dernier disque de métal continuait sa rotation.

"Tu pourrais faire gaffe quand même !

Ouais ben c'est encore expérimental ce truc !

J'vois çà !

Ouais ben 6 d'un coup quand même !

Gamin !"

Komamura arriva près du général, il tenait quelque chose dans sa paluche libre.

"Me voici général ! J'ai trouvé ce "machin" parmi les cadavres ! Il a juste une bosse sur la tête donc je suppose qu'il va bien finir par se réveiller ... On en fait quoi ?"

Le Kobold poète, promptement assommé par le druide, semblait dormir entre les griffes de l'Homme-Loup.

Que faisait Bardok sur le champ de bataille avec un fil à plomb ? Des mesures, déjà ? Ah non, ce n'était pas un plomb mais un aimant, récupérant çà et là les pièces restées au sol.

"Scrogneugneu ! ... N'empêche, avec une vrai muraille, on n'aurait jamais eu 6 pertes ! ... Il va nous falloir du bois ! Et un stock !

Vous nous direz général, quand les z'hommes s'ront reposés, on donnera les consignes aux capitaines pour déboiser tout le périmètre nécessaire ! Plus tôt elle s'ra debout c'te muraille, mieux on s'ra !

Puis, plus pour lui que pour les autres : Bon alors ... penser à rajouter à intervalle régulier des bassines d'huile et des briquets d'amadou pour les trolls, et des lance-disques héliopropulsés pour les bestioles comme celles-là ... sauf qu'il faut que je règle cette histoire de trajectoire avant ... Et des herses à ressort pour les drakes aussi ... sont trop rapides et trop résistantes ces bêtes là pour que le reste marche !

Et une double douve !"

Bardok se retourna. Dahîn tout souriant arrivait vers lui. Un écureuil faisait des aller-retour entre sa main et le sol, ramassant une pièce, et la ramenant à Dahîn.

"Ouais, ouais ! Tu commences à avoir raison avec ta douve ! Et hérissée de pointes au fond !

Et ben voilà ! Tu vois que tu y viens !"

Le Kobold dans une main, Komamura ne mit pas longtemps à alpaguer par la peau du cou Curbin qui se félicitait de la victoire avec 2-3 de ses potes en narrant des faits d'arme. Sa poigne ne souffrait aucune contestation et il emmena les 2 aux fers.

"Voilà une chose de réglée !"

Les capitaines répartissaient déjà les blessés, les plus légers soignés sur place, les autres emmenés dans l'infirmerie. Comme Enoria n'y était pas, Komamura s'étonna de son absence.

"Où elle est encore, celle là ?"

Il se dressa de tout son long pour prendre de la hauteur. Les valides avaient entassés les morceaux de gremlin avec des pelles et autres fourches. Il vit Eäron et Nerië émerger de la lisière. Ils avaient certainement chacun de son côté chassé les fuyards.

"Ce druide connait certainement très bien la forêt et la nouvelle semble douée pour chasser ! On peut leur faire confiance pour avoir "nettoyé" les abords du camp !"

Au centre du camp, il y avait de la lumière sous la tente d'Enoria.

"Ah ben voilà ! Je l'ai trouvée ! Mais qu'est ce qu'elle bricole ? On aurait bien eu besoin de magie face aux gremlins !"

Il se dirigea vers sa tente.

Une fois le calme revenu, le camp entièrement rangé, les capitaines et Komamura avaient réparti les tâches des hommes, comme à leur habitude. Cette nuit, les tours de garde seraient assurés, un homme supplémentaire avait été affecté à chaque équipe. Mais le camp manquait cruellement de personnel. Par rapport au décompte de la veille, il manquait 8 personnes : les 6 morts, Curbin et Caster mis aux fers.

Komamura annula l'équipe de veille sur la falaise. Voilà des hommes récupérés à autre chose. Pour la falaise, il s'en chargerait lui même. Il reconnaissait la valeur de Sir Caster et tenait à ce qu'il le comprenne. Quant à Curbin, ce vaurien rentrerait dans le rang, vivant ou mort.

Enoria désirait parler urgemment au druide. Manque de chance, Eäron était parti dans la forêt. Ne sachant pas trop à quel moment il rentrerait, il fit passer une consigne aux gardes à l'entrée mais par prudence, il alla à la tente du druide, griffonna quelques mots sur un parchemin et le glissa à l'entrée de la tente. Ainsi Eäron serait informé dès son retour qu'Enoria veut le voir.

Il se dirigea vers la falaise. L'homme-loup s'assit en tailleur, face à la mer, non loin des 2 punis. Il fixa l'horizon une bonne partie de la nuit. De toute façon, son cerveau était trop perturbé par tout ce qui arrivait, il ne trouverait pas le sommeil de la nuit, alors autant monter la garde.

La nuit était étrangement calme. Très peu de bruits nocturnes, même les cris des animaux de la forêt semblaient lointains. Peut être que les gremlins avaient dévoré toutes les petites bestioles des bois qu'ils avaient croisé. Mais de toute façon, cette ambiance n'avait rien de rassurant. Pour les hommes de quart partout dans le camp, c'était la même chose, ils furent plus vigilant que d'habitude. Quelque chose se tramait et tout le monde le sentait.

A l'aube, une voile apparut à l'horizon, le long de la côte.

"Dans cette direction, c'est l'Iceberg ? Mais il n'y a pas d'autre escale possible entre l'Iceberg et ici , alors ce bateau à caboté de nuit ? Mais c'est idiot de caboter de nuit ! Et puis les navires marchands partent au large normalement pour prendre de meilleurs courants que le long de la falaise. Qu'est ce que c'est que cette histoire encore ?"

Il plissa les yeux, fixant l'allure du navire.

"Ce n'est pas un navire de guerre, trop petit ... sa ligne de flottaison est basse, il est chargé ! Je reconnais cette voile ! Il vient bien de l'Icerberg ..."

Il lança un caillou à Curbin et Caster ce qui eut pour effet de les réveiller en sursaut.

"Hep vous 2 ! Surveillez moi ce navire, je dois aller prévenir le Général ! M'est avis qu'on va encore avoir des surprises !"

Il se leva d'un bond, et se dirigea d'un pas énergique mais sans courir vers la tente du général.

Pendant ce temps là, sous la tente à double feuillage des 2 nains, munie d'une petite éolienne sur le toit, la nuit avait été courte. De nombreuses choses étaient à démarrer dès le lendemain. Et de nombreux plans se bousculaient dans leurs têtes.

Après un repos qui leur avait pris la moitié de la nuit, ils s'étaient levés, sans vraiment se concerter mais en constatant qu'ils avaient les mêmes idées. Lampe à huile allumée, chacun sur son pupitre, ils mettaient la dernière touche à leurs plans respectifs. La structure de la toile de tente insonorisant tout bruit venant de l'intérieur, ils pouvaient ainsi travailler sans déranger leurs voisins.

Le plan de montage d'une roue à eau assez basique à installer sur la rivière était prêt. Plus tard, ils construiraient un vrai moulin à eau mais cette simple roue pourrait être finie en une demi journée. Ensuite avec toute une série de courroies relais et d'engrenages, on obtiendrait en bout de chaine, une force de rotation sur-multipliée, et ainsi alimenter l'excavatrice dont ils auraient besoin pour creuser les tranchées des fondations du mur d'enceinte - ainsi que des douves ! - oui, des douves aussi mais plus tard, c'est pas urgent çà ... ainsi que du tunnel à creuser en direction du niveau de la mer en vue de la construction du port troglodyte qui donnerait accès à la mer.

"Les roches extraites dans le creusement seront récupérées !

Les pierres pour la muraille et les bâtiments en dur s'il nous en reste ...

On pourra obtenir facilement du plâtre et de la chaux, comme çà on aura du ciment !

Les graviers et le sable pour faire de bons mortiers avec ce ciment ... comme çà, les murs dureront des siècles !

Si après çà, ils ne nous érigent pas une statue chacun, c'est que vraiment, ils n'y comprennent rien !"

Sur la table d'état major, Komamura avait ramassé la longue-vue. Une fois revenus à côté des 2 punis, il la tendit au général qui commença à étudier le bateau.

Pendant ce temps là, Komamura plaça les 4 affamés à intervalle régulier le long de la crête. L'archer installa ses flèches au sol devant lui. L'homme-loup quant à lui resta non loin des enchainés, il sentait de son pouce la clef rangée dans sa poche, si le général en donnait l'ordre, il les détacherait aussitôt. De toute façon, la falaise était assez haute et abrupte pour compliquer toute tentative d'escalade.

Ils avaient encore suffisamment de temps avant d'avoir à réveiller le camp si besoin est.

A la longue vue, des rangées de têtes baissées, des mines graves, la stature de la boulangère parmi les villageois affaissés, et à la proue, le capitaine de la garde qui scrutait l'écume. On aurait dit que presque toute la population de l'Iceberg s'était embarquée dans ce rafiot.