Chapitre Premier : Installation dans un coin de paradis.

Communauté halfelin, PNJ:


Après une bonne marche sur les ponts de la forêt, la nuit était tombée et ils s'étaient rassemblés à l'abris, au creux d'un majestueux chêne millénaire.

Au matin, Enoria retrouva, collé contre son mollet, un halfelin audacieux. Elle le poussa délicatement sous les yeux jaloux de Lugop, qui donna quelques coups à son congénère malavisé et pourtant somnolant.

Ils reprirent leur marche, et se retrouvèrent bientôt dans une immense clairière, face à l'Océan. Sur le bord de la falaise s'élevait l'Iceberg.

"Aaaaaaaah !! C'est donc çà l'Iceberg dont parlaient le général et le grand poilu !

Au moins, j'ai retrouvée la falaise !

J'espère qu'y a moyen de prendre un bain dans c'village ! C'est pas l'tout mais passer la nuit à la belle étoile, j'aime pas trop !"

Aux quais de l'Iceberg ....


Slap venait d'arnaquer le malheureux capitaine du navire nordique. Tout d'abord, quelques tours de passe-passe au jeu de cartes lui avait fait acquérir une bonne partie de la cargaison de son adversaire. Puis, un paris ou deux lui avait offert son équipage. Et venait-il enfin de gagner le navire et le reste de la cargaison. Cela n'avait pas duré une journée, ça avait été un travail de longue haleine, d'une bonne semaine. Sans cesse remisant ce qu'il avait gagné la veille contre ce qui restait au capitaine, Slap avait fini par tout avoir pour lui, et le capitaine, sans le sous, sans possession, et dépouillé jusqu'à la moëlle par la folie du jeu, mendia une corde pour se suicider jusqu'à se décider à sauter du bord de la falaise. Le pauvre s'était fracassé sur un rocher.

Slap regarda ses marins avec grande fierté, il était maintenant un chef, un maître, un capitaine, et cela le remplissait de joie de pouvoir enfin commander à des gens.

" Appelez-moi " Capitaine " ... Toi, mon second, tu pourrais m'appeler " Cap' Slap ! Tu viendras dîner à ma table pour me faire part de toute la paperasse de l'affaire, n'est-ce pas ! "

" Ok, Cap' Slap ! "

" Le mousse, tu vas me nettoyer tout ça, ok ? "

" DA ! "

" ... il a compris ce que je lui ai dis ? "

" Il ne connaît que notre langue, celle qu'on parle dans le nord ... "

" Fort bien, dîtes lui ce que je lui ai commandé ! "

" Vaissôl balèyg, Olaf ! " [ " Lave le sol, Olaf ! " ]

" ... Tump ?? Olaf baleyg ? HAHAHA !!! Bourrinabrô forgar dat zipfe Kopitène " [ Quoi ? Je dois laver ? (rires) On va voir ça : Bras de fer avec le capitaine ! " ]

Après avoir traduit à Slap, il semblait que cette tradition soit commune à toutes les marines, dès qu'un marin reçoit le premier ordre de son capitaine, ce dernier, pour savoir s'il mérite son pouvoir, doit se soumettre à un bras de fer contre ce marin. S'il n'y a pas provocation du marin, ce dernier redevient mousse, s'il perd, également. La règle ne fonctionnait pas avec les seconds, étant donné qu'ils devaient être entièrement dévoués à leur capitaine, jusqu'à la mort.

" Allons-y ! Il nous faudrait deux tabourets et une table basse. Il faudra juste, pour l'occasion, que j'ôte mon haut et que je mette un ample couvre chef! "

" HAHAHA ! "

Lorsque Slap partit se changer, Didiurm s'approcha de la table installée, et s'installa face au futur mousse.

Il avait enfilé un pantalon et des chausses identiques à celles de Slap, il avait fallu un temps fou pour qu'il comprenne sa mission et l'objectif de celle-ci.

Ainsi torse nu, on voyait ses tatouages de puissance. Les yeux se faisaient grands et ronds, les bouches ouvertes et dégoulinantes. La surprise et l'admiration !

Sous le grand chapeau, on ne voyait pas les légères différences qu'il avait avec son frère.

Il tendit la main, prêt à en découdre.

Enoria observait l'Iceberg.

"Bon alors si la forêt nous a conduit directement ici, c'est que c'est là qu'ils sont !

Des murs et une tour, on a sûrement déjà été repérés, on fait comment ? on demande de l'aide aux villageois ? on entre comment ?

Et une fois dedans, quand on les trouve, on procède comment ? vous avez prévu un truc grand-chef-bigboss-chaman ?"

Communauté halfelin, PNJ:

L'halfelin amena son regard doucement vers celui de l'humaine. Puis, il commença à remuer ses lèvres comme les chefs les remuent.

" Il est déjà extrêmement rarissime qu'on aille en dehors de notre territoire, la dernière expédition extérieure date d'un millénaire si ce n'est plus, alors croyez-vous vraiment que votre présence avec nous soit le seul fruit d'une alliance née d'une vengeance commune ? Vous allez aller dans ce village, et vous ramènerez ces escrocs ! "

Près de l'Iceberg ...

Depuis quelques heures déjà marchaient-ils à l'encontre de l'Iceberg, un troupeau de sangliers leur barra la route, mais ce fut là leur seul obstacle. Ils arrivèrent donc rapidement devant l'Iceberg.

Orcan, qui avait déjà entretenus quelques amitiés avec le capitaine du village put aisément entrer, accompagné de Sajin et de deux autres soldats ; la troupe resta dehors. On les renseigna qu'avait été observé l'arrivée à la lisière de la forêt d'une troupe halfeline, un fait extrêmement rarissime, mais qu'aussi, une femme, magicienne à en croire ses vêtements et son bâton, venait d'entrer en ville, s'informant à toutes portes sur un trio maléfique.

Ah, enfin, nous allons retrouvé Enoria ... Je me demandais pourquoi elle n'était pas venue avec nous ...

Ils se dirigèrent donc vers le quai quand soudain, à l'angle d'un bâtiment, un être pressé, vêtu comme un bouffon rouge, leur rentra dedans. Même s'il était vêtu dans le même genre que le soi-disant Dalime, on ne pouvait alors soupçonné qu'une coïncidence ...

Grâce aux indications des habitants qui avaient vu Slap être en rapport avec l'équipage du navire, Enoria se dirigeait vers le quai. Lorsqu'elle vit 2 hommes faire un bras de fer sur le bateau, ce qu'elle repéra aussitôt sous le chapeau, c'est les tatouages de Didiurm.

Bon ... en vlà déjà un ... je sais pas où sont les autres, mais autant en profiter pendant qu'ils sont séparés ! ... Mais comment faire ?

Il est gentil l'vieux ... les ramener ... bon, heureusement, j'ai récupérée mon sceptre ! ... je sais !!

Elle fit tourner son instrument au dessus de sa tête et le pointa en direction du bateau en chuchotant quelques paroles à l'intention des vents.

Sous les fesses de Didiurm, la chaise trembla et soudain, s'éleva dans les airs, l'emmenant avec elle. Prit par une bourrasque de vent, le chapeau s'envola, révélant à l'équipage la tête de Didiurm. Enoria déplaça la chaise dans les airs au dessus du village jusqu'à son muret extérieur et reposa la chaise dans la clairière, laissant un Didiurm intact mais un peu secoué aux bons soins des halfelins.

Voilà ! J'vous en ai déjà ramené un ! Bon al ...

Soudain, à l'angle de la rue, elle aperçut le grand Sajin, et à côté de lui, le général Dammulf. Trop heureuse de les retrouver après son excursion forestière, elle se mit à courir vers eux en oubliant sa mission.

Le pourpre ménestrel au sol semblait sonné, il ne bougeait plus, comme évanoui. Il fallait dire qu'il avait foncé sur Sajin à toute vitesse, ce dernier n'était vraiment ce qu'on qualifiait de " frêle lutin ".

Une nouvelle créature leur sauta dessus, Sajin et Orcan furent néanmoins surpris d'un contact plus doux. Enoria les avait cerné de ses bras, et maintenant qu'elle les relachait, elle recula toute souriante (marchant au passage sur le bouffon).

" Content de te retrouver, Eno ! Où étais-tu donc passé ? "

Un peu surexcitée par les derniers évènements, elle raconta son aventure d'une traite à toute vitesse :

"Ben non loin du camp, je suis tombée sur 3 gars bizarre dont 2 m'ont attaquée et l'un des 2, un mage, a voulu me piquer mon sceptre, j'ai réussie à le récupérer mais on avait changé d'endroit et comme je l'avais aux basques, je me suis mise à courir et j'ai rencontré un bonhomme lui aussi perdu, on a fait un bout d'chemin vers chez lui, un endroit que je ne sais pas où c'est, et je suis tombée sur sa communauté, des gens dont on ne doit pas parler, sauf qu'on a pas le droit de venir chez eux, ils ont voulu me punir mais j'ai réussi à négocier un compromis, comme les 3 même brigands leur ont fait pas mal de vilaines choses, je devais les aider à les punir pour qu'ils me libèrent, et on est arrivés ici avec un petit groupe de ces gens, je savais pas que vous y étiez aussi, et je leur en ai déjà envoyé un, il m'en reste plus que 2 à trouver et ..."

Elle réalisa soudain qu'il y avait un homme au sol à ses pieds. Il avait d'ailleurs une vue plongeante sous sa jupe fendue.

"Héé mais je te reconnais toi !! En voilà un 2ème !"

Elle recula d'un pas et pointa son sceptre vers Slap.

A la lisière de la forêt, face à l'Iceberg ...


Didiurm ne pouvait plus bouger, l'impact contre le sol avait été à peine douloureux. Le tabouret qui était venue par la suite exploser sur lui l'était plus. Couverts d'échardes, ensanglanté, il souffrait de toussotements et de démangeaisons, il sentait sa pilosité s'accroître et le ligoter. Comment cela était-ce possible ? Il discernait des yeux le regarder, sous les fougères, entres les buissons, sur les arbres, il distinguait le reflet de divers armes ... Un autre regard, semblable à celui de son frère aîné, emplis de magies, brillant de sortilèges, et noircis par la vengeance, c'était sûrement le Chaman, mais Didiurm ne le savait pas, il était trop sot pour le comprendre, tous ce qu'il voyait c'était la forêt qui le maltraitait.

Ses muscles ne lui obéissaient plus ... Didiurm détestait la magie. S'il voyait son frère prochainement, il lui collerait une volée pour le principe.

Non loin de la cascade gobeline ...


Flinny cherchait son trésor, il retournait le sol à l'aide du pioche qu'il avait chapardé au campement des gobelins tandis qu'ils étaient partis manger des lapins. Il était près d'une paire de rochers assez pointus, leur symétrie l'intrigua, aussi il sortit la pointe de son outil du sol et laissa le trou à peine commencé là où il était pour s'approcher de ces grands cailloux. On aurait dit des menhirs d'autres temps. L'halfelin avait lu quelque part que certains humains en avaient élevé de grossiers, mais ceux-ci étaient parfaitement taillés. Il soupçonnait plutôt une origine plus sombre ... Il prit peur quand un lièvre passa derrière lui à toute vitesse, et il bondit derrière le tronc le plus proche. Autre chose avait bougé, aussi ne sortait-il pas tout de suite. Il voyait là que l'ombre de la roche de droite avait changé, il s'y était ajouté des détails et des pointes que la pierre ne possédait pas. Un être se terrait derrière, Flinny en était maintenant persuadé. Il tendit l'oreille et put ouïr une respiration lente et rauque, qui se voulait discrète mais rien n'échappait à l'oreille fine des halfelins.

Nous sommes les maîtres de la forêt, nous faisons partis de la forêt, la forêt est en nous, croit-il pouvoir échapper à ma vision ?

Flinny prit un pas léger, comme savaient le faire les sentinelles et gardes de son espèce, et il tourna autour des rochers, à l'abris derrière arbres et fougères. Quand il aperçut se qui se tenait là, il ne put retenir un aigu cri d'horreur ... Il n'en fut pas plus pour que le monstre caché ne le vit et se mit à lui courir dessus.

A l'intérieur du village :

"A moi .... euh .... rien mais aux gens qui attendent dehors, apparemment de vilaines choses !

N le lâche pas s'il te plait ! Je vais pouvoir le leur amener comme çà !

Bon ben çà a été plus facile que je le pensais ... reste le plus dangereux des trois ! Le mage avec son maquillage et ses cheveux en arrière ! Lui, je vois pas trop comment faire ..."

(Sajin et Orcan n'eurent aucun mal à remarquer que la description faite ressemblait étrangement à Dalime)

" ... Gné ? "

...

" Qu'est-ce que je fous ici ? ... Qui êtes vous ? ... Lâchez-moi !! Au secours !!! "

L'équipage du navire rappliqua, sabres et fauchons dégainés, ils avaient l'air bougrement énervé ...

" ... j'm'appelle Slap, Slap-tout-sourire pour les affreux ... ça donne du jet à mon nom ... vous trouvez pas, vous ?

z'avez quoi contre mon frère ?! "

Navire marchand, nordique.

Grandui l'Vaillant

" Mon p'tit gars, t'es p't'être grand, mais va falloir que tu nous le laisses, l'bonhomme rouge. L'espace de quelques minutes, histoire de l’abîmer comme il se doit, et après, on te le rend, juré craché ! "

Le pirate se surprit à cracher sur le veston de son voisin, qui fâché, lui en retourna une. La bagarre se propagea, et tout le monde se retrouva à frapper tout le monde.

Le général s'était discrètement retiré, après quelques châtaignes échangées, pour quérir le capitaine de l'Iceberg. Il trouva la cabane de la milice en chantier, toute retournée. La tête en bas, les pieds scellés au plafond, l'officier mercenaire n'avait pas fier allure.

" Que fais-tu ainsi perché, et quel est donc l'origine de ce bazar, mon ami ? "

L'autre, bâillonné, ne put répondre que par quelques gémissements, dignes d'un porcelet, tout au plus. Orcan sabra les cordes qui le retenait, et lâcha son arme pour éviter la chute au soldat.

Mais lorsqu'il le regarda à nouveau, ce n'était plus le capitaine du port ...

" Dalime ?!?! Que ... "

Le sorcier s'était transformé pour mieux berner Damuulf, qu'il savait à l'approche. Avant que ce dernier ne puisse réagir, le sorcier l'envoya valser d'un onde de choc télékinésique !

A moitié assommé, il aperçut, se dirigeant droit vers lui, une boule de magie aux couleurs enflammées !!

Sous le choc, il se vit reculer dans le mur même, la brique lui arracha un cri en s'enfonçant sournoisement dans son dos. Toutes flammes avaient disparus, ainsi que tout lanceur de sorts, mais une grande brûlure lui dévorait le torse et l'abdomen ... La douleur était insupportable, et .. il n''arrivait plus à faire l'once d'un mouvement.

Ceci fait, Triom n'avait plus beaucoup à s'inquiéter. Il disparut sous son manteau, se jetant par la même occasion un sortilège d'invisibilité. Il traversa rapidement les ruelles, et parvint, après avoir foudroyé au sens propre du terme le garde de l'entrée, à sortir de l'Iceberg.

Maintenant, il allait délivrer son imbécile de frère de ces crétins de lutins sylvestres !

"Désolée Slap ! Mais j'ai une mission à accomplir !"

Ne lui laissant pas le temps de réagir, elle posa une main sur son épaule et ferma les yeux. Son sceptre s'illumina un instant puis ils disparurent.

Ils réapparurent aussitôt dans la clairière, devant les fourrés, non loin du Didiurn enchevêtré.

Slap, légèrement désorienté, la vue un peu brouillée ... Enoria apparemment épuisée, à bout de souffle.

"Ouaille ! J'ferais pas çà tous les jours ! Je pensais pas que c'était si épuisant la téléportation !

Eh ! Vous êtes où ? J'en ramène un deuxième !"